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Ministre de Mes Affaires Personnelles : Agora
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Le Makhzen

Le Makhzen

Le Makhzen

L'Administration du Makhzen

(Dissertation)
 
L’actuelle organisation administrative du MAROC, n’est pas l’œuvre du protectorat, mais elle est le résultat d’un long processus, dont les fondements remontent très loin dans le passé. On ne peut, aucunement, traiter de l'histoire d'organisation administrative au Maroc sans parler du Makhzen.

Etymologiquement, Le mot MAKHZEN tire son origine sémantique du verbe KHAZANA qui signifie conserver et thésauriser. Le MAKHZEN indique donc le magasin, d'où l’idée d’une institution faite, avant tout, pour construire une réserve permanente d’argent, d’armes, et des munitions pour vivre : DAR LAKHZIN.

Théoriquement, le mot MAKHZEN a un double sens, restreint et  large : au sens restreint, il désigne le gouvernement marocain traditionnel, et au sens large, désigne la totalité des groupes dans lesquels se recrutent les membres du MAKHZEN et sur lesquels s’appuyaient les dynasties successives,  appelées « Tribus GUICH ». 

Quant à l’organisation intérieure du MAKHZEN, objet de notre sujet, elle a connu une évolution continue, et s'inscrit dans un changement perpétuel. 

Quels sont alors les caractéristiques et les principaux rouages de l’administration de MAKHZEN ? 

Pour mieux se faire, nous allons adopter le plan suivant :

I- L’Administration centrale du MAKHZEN 

Avant la période du protectorat, le MAROC a été organisé selon les principes de l’Etat musulman classique, c’est à dire les principes du KHILAFAT (Califat), dont le Sultan n’est qu’un dérivatif en tant que shérif possédant la bénédiction divine (EL BARAKA). Selon l'article 7 de la constitution de 1908 : "Tout sujet du Royaume doit obéissance à l'Imam chérifien et respect à sa personne parce qu'il est l'héritier de la Baraka."

Le Sultan organise, supervise, et surveille les Shérifs (Chorfats), c’est un imam dont le rôle est de maintenir la suprématie du SHRAA ( La Chariâ : Droit Musulman) avec la consultation des OULAMAS .

Il est considéré comme un Cadi suprême (Juge Suprême) , il doit être toujours accessible aux justiciables. Les pouvoirs du sultan découlent de l’allégeance (BAYAA). 

Le sultan est entouré de deux services : Palais et Etat. 

(A)- Les services du palais :

Sont dirigés par deux institutions importantes :

(a)- le HAJIB « Grand Chambellan » :

C’est lui qui préside l’organisation intérieure de la Cour, il avait la responsabilité des problèmes de l’entretien de la Cour, et des écuries du palais, ainsi que l’installation du MEHALLA (les Soldats : sorte de cortège protocolaire) du sultan lors de ses déplacement. 

La fonction du HAJIB a évolué au cours des siècles, il est devenu le 1er responsable de l’empire chérifien après le sultan. Il a assuré le lien entre le Sultan et ses vizirs et les grands secrétaires d’État.

Le Hajib est l’homme de confiance du Sultan. 

(b)- le CAID EL MECHOUAR :

Il s’occupait des relations extérieures, des audiences et jouait le maître des cérémonies dans les solennités publiques, il avait sous son commandement la garde personnelle du sultan. D'une manière générale,  c'est le grand responsable de la logistique des Qsours (Palais).

(B)- Les services de l’Etat : Les Vizirs (Ministres)

Le Sultan est obligé, dans l’exercice de ses pouvoirs de gouvernement, de s’entourer de certains collaborateurs appelés Vizirs (les Ministres). Ce sont des fonctionnaires de 1er rang qui sont en liaison immédiate et directe avec le Sultan, qui participent à la préparation des décisions, à la transmission de ses ordres et au contrôle de leur exécution par les autorités inférieures.

Les Vizirs, chacun selon son secteur d'opération, assurent aussi les relations avec les étrangers et les puissances extérieures, ils dirigent des départements spécialisés appelés BENIQUAS. 

Avant le protectorat, il y avait 5 vizirats qui assurent l’administration de l’Etat et qui s’installent au palais.

Le Gouvernement du Makhzen : 

Le Grand Vizir :

Nommé par le Sultan, c'est à lui qu'appartient le choix des cinq ministres et la présentation de leurs noms au Conseil consultatif. (Article 57 et 58 de la Constitution de 1908)

Les 5 Vizirats : 

Conformément à l'article 59 de la constitution de 1908 : "Il y a cinq ministres : le connétable ministre de la Guerre, le grand trésorier, appelé ministre des Finances, le ministre de la Marine, le ministre des Affaires étrangères, le ministre des plaintes, appelé ministre de l'Intérieur. 

Le gouvernement est composé de six membres seulement : le Grand Vizir, ministre des Sciences, et les cinq ministres déjà nommés. "

Autrement dit, les Vizirats sont énumérés comme suit : 

- Le ministère de la Guerre ( وزارة ا لــحــــــــــر ب
- Le ministère des Finances ( وزارة ا لــمــــــــــا ل
- Le ministère de la Marine ( وزارة ا لــــبـــحــــــر
- Le ministère des Affaires étrangères (وزارة الخارجية
- Le ministère des Plaintes ( وزارة ا لــــــشـــكــــا يــــا ت

II- L’Administration du Makhzen locale : 

Avant le protectorat, l’administration territoriale au MAROC présentait la particularité de correspondre à 2 types d’organisations, une partie du territoire est, en effet, administrée par des institutions qui sont un pur relais de l’administration centrale, le Makhzen, tandis qu’une autre ne reconnaît que l’autorité spirituelle du sultan et revendiquait une autonomie de gestion des affaires des collectivités. 

Cette distinction est très importante quant aux modes d’administration, mais elle ne signifie guère qu’il y ait deux MAROC étranger l’un de l’autre. 

(A)- L’Organisation dans les Villes :

Le pouvoir central est représenté par des agents qui lui sont entièrement subordonnés, ils sont nommés par le sultan. Il s’agit des PACHAS, MOHTASSEBS, et des CADIS. 

(a)- PACHAS : 

Ce sont des officiers supérieurs, nommés par dahir, responsables de la sécurité générale, et assurant la représentation du Makhzen dans leurs circonscriptions.

Ils s’occupent de la collecte des impôts, assurent aussi l’exécution des jugements des peines et des sanctions administratives. 

Pour accomplir leurs tâches, les pachas étaient assistés par des MOQUADAMS (Auxiliaires d'autorités). 

(b)-LE MOHTASSEB : Le contrôleur de l'activité économique 

Sorte de prévôt des marchands, qui exerçait la police économique, il avait un rôle, essentiellement, économique et moral, il assurait la répression des fraudes et la défense des consommateurs.

Il vérifie la bonne qualité des marchandises, il contrôle l’exactitude des poids et des mesures (Étalonnage). 

Le MOHTASSEB veille à la régularité des transactions commerciales.

Pour exercer ses fonctions, il était assisté par des OUMANAS que nomme lui même. 

Au Sujet des Mohtassibs et Oumanas : voir : Dahir n° 1-82-70 (28 chaabane 1402) portant promulgation de la loi n° 02-82 relative aux attributions du mohtassib et des oumana des corporations (B.O. 7 juillet 1982).

(c)- LES CADIS :

Sur le plan juridique, le pouvoir était détenu par le Sultan juge suprême, mais en pratique il le déléguait à des juges ou cadis chargés de l’application du Chraâ - Charia- (Loi musulmane) et rendaient la justice en matière du statut personnel.

Ils gèrent, aussi, les HABOUS de la ville. Par ailleurs, leurs compétences en matière pénale furent de plus en plus usurpées par les Pachas et les caïds qui jugeaient les affaires criminelles. 

(B)- L’Organisation dans les tribus : 

Cette organisation diffère selon la soumission où non au pouvoir du Makhzen.

(a)-L’organisation dans les tribus soumises : 

Dans ces tribus, le Makhzen est représenté par le Caïd qui exerce les pouvoirs les plus étendus sur le plan politique, judiciaire, et administratif. 

C’est le chef absolu des tribus, le caïd est choisi par le sultan, mais il doit être originaire de ladite tribu, car il doit être accepté unanimement par la tribu aux fins de joindre son autorité personnelle à celle du pouvoir central. 

Le Caïd avait trois missions principales :
- Fiscalité (collecte des impôts...), 
- Pouvoir judiciaire
- Commandement militaire . 

Il était ainsi chargé de la répartition et du recouvrement des impôts normaux. Il assurait la sécurité publique et jugeait les affaires qui ne relevaient pas des cadis, le caïd était assisté par un homme très proche de lui qui appelé CHIKH (Auxiliaire d'Autorité). 

(b)- l’organisation dans les tribus insoumises ou bled SIBA : 

L’administration dans ces tribus repose sur le principe de l’autonomie des collectivités ethniques « fraction, douar, tribu, et fédération des tribus qui s’administrent elles-mêmes, selon des usages ancestraux». 

L’administration des intérêts collectifs est confiée à des organes de type oligarchique issus du groupe appelé JEMAA. 

La Jemaâ est une assemblée de notables qui se cooptent, et incarnent la volonté du groupe.

Cette assemblée a une compétence générale pour statuer sur toutes les affaires de la tribu, elle désigne un AMGHAR (Président)  chargé de l’exécution des décisions prises par ladite assemblée. 

La désignation est annuelle, et les pouvoirs de cette autorité désignée sont contrôlés par la JEMAA. 

Ces collectivités ont donc une autonomie vis à vis du makhzen auquel, elles ne sont pas subordonnées et elles n’ont à son égard aucune obligation ni financière, ni militaire, mais en cas de péril extérieur, les tribus de bled SIBA participent à la défense du territoire national.

L’administration makhzen était très efficace pendant les derniers siècles « 18,19, et 20 ». Mais avec la progression des prolongements coloniaux, elle va connaître des désordres dans ses institutions et ses fonctions.

Il faut noter également que le mot Makhzen est resté graver dans la vie sociale pour désigner toujours l’administration soit locale, soit centrale. 


 

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Références :

Le pouvoir sultanien dans l'empire chérifien pré-colonial - Ses limites politiques et conventionnelles : Revue Franco-Maghrébine n° 11 - 2003

Dans le Bled es Siba; explorations au Maroc : GENTIL Louis, Ouvrage publié sous le patronage du Comité du Maroc (1906)

Droit administratif marocain : M. Rousset, D. Basri, A. Belhaj et J. Garagnon : Coll <Manuels de droit et d'économie du Maroc> Rabat, Imprimerie royale, 1984.

Le Projet de constitution du Maroc 1908

Maroc : tribus, makhzen et colons. Essai d'histoire économique et sociale : Mohamed Salahdine, Harmattan, 2000